Réponse à la Lettre de Michel Destot

Monsieur le député,

Nous revenons sur le courrier que vous avez distribué dans les boites aux lettres des habitants de notre ville [1].

Vos quatre premières lignes font état de votre rôle de député : étudier, proposer des lois, les faire appliquer « dans le respect des valeurs républicaines et universelles« . A ce titre vous avez récemment voté contre la prolongation de l’état d’urgence demandée par le gouvernement socialiste, et nous en prenons acte.

Nous notons que s’arrête là le message donnant des nouvelles de votre action de député. Le reste de votre lettre n’est plus de cet ordre et nous constatons qu’une partie du budget dont vous disposez pour accomplir votre mandat sert à faire de la propagande destinée à démolir dans l’esprit des grenoblois le travail de l’équipe municipale actuelle. Nous attendons des éclaircissements sur ce détournement des moyens financiers mis à votre disposition pour accomplir votre mandat d’élu de la nation.

Nous vous laissons le droit de vous interroger sur « la direction empruntée par la municipalité actuelle« . Mais de grâce M. Destot n’embarquez pas les grenoblois dans vos pérégrinations politiciennes.

Les mots « abandon », « dégradation », « otage », « mystification », « baisse drastique », « faillite », « absence » « désengagement », « faute », « sectarisme », « cynisme » scandent votre discours et laissent penser que la ville est à feu et à sang, dirigée par des pirates sans foi ni loi qui vont la détruire. Pour l’ancien édile que vous êtes vous manquez là de discernement. Qui croyez-vous convaincre ? Pour qui ramez-vous ? Quelle image de Grenoble voulez-vous répandre ?

A ce propos, cela rappelle étonnamment une affiche ornant certains magasins du centre ville sur laquelle Grenoble est présentée d’une manière peu engageante. Vous vous tirez une balle dans le pied!

Vous avez été maire, vous devez savoir que le commerce, la relation commerciale, est un acte privé entre un marchand et un chaland et qu’un maire n’y peut rien si le marchand fait faillite. Un maire (et son équipe municipale) ne peut qu’apporter un cadre facilitateur à l’exercice du commerce. Mais il ne peut pas intervenir sur le prix élevé des baux commerciaux en centre ville et quant à la création de zones commerciales à l’extérieur des villes ce sont les chambres de commerce qui les promeuvent. Pour le cadre en revanche parlons-en! L’un de vos prédécesseurs, M. Dubedout [2] qui pour vous aurait été un modèle et à qui vous vous êtes souvent référé, a rendu le centre ville piétonnier réintroduit le tram en ville tout cela au bénéfice d’un commerce qui ne voulait pas entendre parler d’une réduction de la circulation automobile. Notre municipalité emprunte, effectivement, une voie défrichée par d’autres. Qu’y trouvez-vous à redire ?

Quelle mouche vous pique de mettre sur le même plan l’hommage aux victimes du 13 novembre dernier et l’action de nos élus quant à la conduite de l’administration de la ville? Que signifie cet amalgame douteux ?

Souvenez-vous, en 2014, les électeurs de Grenoble ont porté à la mairie des élus issus d’un rassemblement citoyen : des militants de partis politiques certes mais mis en musique par des citoyens lassés de la main mise d’un clan (notez-le, nous ne parlons pas d’un parti) sur la vie municipale. Vous n’avez pas voulu, du moins votre présumé successeur de l’époque (d’aucuns parlaient de dauphin, comme s’il s’agissait d’une transmission royale), n’a pas voulu faire partie de cette aventure : redonner à nos concitoyens la possibilité d’agir en concertation avec leurs élus, les prendre pour des adultes et non comme des enfants à qui l’on fait des promesses pour les garder en laisse et les tenir dans l’obscurité quant aux décisions prises par la municipalité.

Le budget municipal, ce n’est pas une mince affaire. Vous n’y êtes pas allé par quatre chemins en 2008, pas assez d’argent pour boucler le budget, augmentation des impôts. Pas de réflexion sur comment faire autrement, rien. Gouverner c’est prévoir (adage populaire), vous ce fut «j’augmente les impôts» votre seul credo.

A propos de « l’équilibre budgétaire » qui à Grenoble serait « facile à atteindre« , pour qui prenez vous vos concitoyens? Vous parlez de « stabilisation de la masse salariale par le transfert à la métro, du fait de ses nouvelles compétences, de plus de trois cents agents« . Question : d’où viennent les revenus de la Métro si ce n’est des impôts locaux que tous les métropolitains, y compris les grenoblois, paient ?

« Grenoble ne vivra pas longtemps sur la lancée du passé » écrivez-vous. Parlons-en de la lancée du passé : le stade des Alpes gouffre financier à sa construction et encore maintenant, la halle de tennis chère et démesurée, les études pour le tunnel sous la Bastille projet contre nature soutenu par vous qui a englouti une partie des finances du département, la candidature de Grenoble aux jeux olympiques … etc. : tout cela réalisé aux dépens de qui, de quoi ?

Eclairante votre phrase « les élus municipaux doivent, au contraire, déployer toute leur énergie pour obtenir au delà des dotations «normales» autant de concours possibles de l’état, de la région, du département ou de l’Europe pour poursuivre une dynamique de projets » Relisons là ensemble : « au contraire ». Au contraire de quoi ? D’accomplir leur métier d’élu ? De veiller à la bonne marche des équipements ? De construire de nouvelles écoles ou de nouvelles maisons de retraite ? De vouloir que les citoyens participent à la vie de la ville ? Que voulez-vous dire ? Pour le reste de la phrase vous tournez en boucle : l’état n’a plus d’argent (député, vous avez voté la baisse des dotations), la région, le département pas davantage et de toutes façons, c’est toujours des impôts que vient l’argent : pour vous c’est un puits sans fond apparemment. Avoir plus, mais au détriment de qui ? De régions dévastées par la désindustrialisation ? De villes moins bien dotées ? De la campagne ? La liste est longue …

Nous pensons que l’on peut agir différemment. Nous vous renvoyons à notre projet pour la ville, vous devez en avoir gardé une trace dans vos archives nous l’espérons pour vous.

Votre « coup de communication« , votre dénigrement est lassant : vous êtes, à priori, un homme de gauche, nous attendons des propositions pour le logement, l’emploi, la politique culturelle, la solidarité, pour tout ce qui est du domaine municipal afin d’oeuvrer à l’amélioration de la vie en ville. Une ville pour tous justement.

Et pour terminer le « on doit être le maire de tous les habitants de sa ville » Qui est ce «on» dont vous faites mention ? Pronom indéfini, sujet indéterminé parce qu’il vous serait inconnu ? Au delà du fait que vous n’osez pas nommer celui que vous considérez comme un adversaire, jusqu’au bout vous faites montre d’une rage à propos de cette équipe qui maintenant gère la ville et n’emprunte pas la voie que vous vous obstinez à suivre.

[1] « Redonner espoir » Lettre_Michel_Destot

[2] Maire de Grenoble de 1965à 1983. Est à l’initiative du retour du tram dans la ville, inauguré par son successeur qui rappelons le avait fait sa campagne aux élections municipales de 83 en se positionnant, avec les commerçants, contre la construction du tram.

 

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