Rapport moral à l’Assemblée Générale du 17.06.2015

Il s’agit plus, pour moi, de faire un rapport éthique qu’un rapport moral, c’est à dire d’essayer de dire si on a globalement respecté au cours de ce mandat ce qui nous a réunis au Réseau Citoyen.

Deux remarques s’imposent,

l’objectif (objectif !) du Réseau c’est le programme du RGCE (Rassemblement de la Gauche Citoyenne et Écologiste) auquel nous avons souscrit, il ne nous est pas spécifique, sa réalisation ne dépend que partiellement de nous. Ce qui nous appartient c’est de vouloir faire de la politique autrement c’est à dire être dans une logique de discours qui n’est pas la même que celle des partis politiques avec qui nous travaillons et dont la respectabilité n’est pas en cause.

 C’est là que les difficultés commencent car il n’y a pas une logique magique qui permettrait à un groupe qui se voudrait expression citoyenne de se reconnaitre comme une entité unique. Dans la première étape, celle de la campagne électorale, nous avons fait le job qui était d’ailleurs plus dans l’image que dans le discours. On ne nous demandait pas : « le Réseau, combien de divisions ? » Certains de nos amis nous le demandaient d’autant moins qu’ils avaient incité des amis à eux à venir nous rejoindre. Mais cette belle époque dynamique et héroïque est passée.

 L’hémorragie de nos membres a pu être colmatée, le bureau s’est renouvelé, il a fallu retisser des liens, se connaitre, s’apprivoiser, assurer une continuité d’action et envisager une évolution du Réseau Citoyen dans ses deux interfaces : cohérence avec ses élus et extensions avec d’autres mouvements citoyens ou personnes intéressées. Nous en sommes là aujourd’hui.

 Nous allons essayer de répondre à ces deux questionnements en ne tenant pas compte au départ d’une remarque qui nous dirait qu’il faut nous bouger, aller au-devant des gens, nous multiplier…. Nous pourrions être trois fois plus nombreux, si nous ne reparlons pas de notre cœur de pensée nous ne deviendrons jamais qu’un GO Citoyenneté de plus. Notre but n’est pas de devenir une voie de la sagesse du milieu.

 Comment un groupe relativement hétérogène comme le Réseau peut-il avoir une position commune ? La difficulté est réelle car elle est structurelle à l’objet qui nous bouge et à la composition du Réseau. C’est aussi sa force comme le fait remarquer l’un des nôtres.

 La citoyenneté est un objet en creux qui apparaît au fil des tours que nous faisons autour de lui, quand on sait en plus que cet objet n’est pas stable, vous vous rendez compte de l’ampleur de notre difficulté mais aussi de l’intérêt de notre travail.

 Lors de la dernière rencontre du bureau et des élus, les attentes de ceux-ci ont reflété cette difficulté. Ils souhaitent avoir une parole plus forte du Réseau mais avec la plus grande liberté de parole et sans déranger la majorité municipale. Cette manière de rapporter leur propos est plus que caricaturale et je m’en excuse auprès d’eux mais en même temps c’est bien avec ça que nous avons à faire. Cette contradiction intrinsèque est le moteur qui en fait nous permettra de faire avancer la question d’un discours citoyen au sein de la municipalité.

 Cette hétérogénéité, ces contradictions que nous gérons pour devenir diversité doivent se confronter, se polir, se civiliser pour que nous puissions faire valoir une autre logique au sein des structures politiques avec lesquelles le Réseau travaille.

 Fort de cela c’est un changement de fonctionnement des relations entre le bureau et les élus que nous avons envisagé. Nous voulons garder la liberté pour chacun de nos élus de décider de leur vote (au groupe des élus et éventuellement au conseil municipal), mais nous demandons que dans le même temps ces mêmes élus viennent en débattre avec le bureau pour que leurs positions individuelles soient « matinées d’une réflexion commune ».

 Vous avez remarqué, j’ai écrit, demandé et non pas souhaité……Il s’agit plus que de suturer cet espace qui s’élargit entre les élus et le Réseau. Pour qu’un travail commun se fasse au sein de la majorité, il nous a semblé qu’il était nécessaire de passer par ce lieu d’échange et de confrontation. De frotter ses convictions personnelles à celle du groupe, cela permettait de prendre en compte un avis commun. Cela a été d’ailleurs le cas pour le vote en interne sur le CREM (n. b . Marché public de Conception, Réalisation, Exploitation et Maintenancede l’éclairage publique attribué à l’entreprise Citéos) où certains élus nous ont dit pourquoi ils voteraient pour le CREM alors que le bureau s’était prononcé contre mais cela s’est fait d’une manière informelle.

Le questionnement sur le droit d’interpellation devrait être une occasion d’essayer ce mode de fonctionnement. Il est clair que les préoccupations des partis sont plus dans l’annonce que dans l’envie de voir fonctionner ce pouvoir qui risque de leur échapper.

 Par ailleurs :

Autant nous avons adhéré au fait qu’il n’y aurait qu’un groupe en mairie, le RGCE, autant nous sommes fermement attachés à la fonction représentative des mouvements au bureau des élus de la majorité et à son fonctionnement « démocratique ».

 De même la représentation des mouvements dans les groupes des élus n’est pas une concession esthétique, voire cosmétique mais répond à un fonctionnement standard de partage de la réflexion dans la construction de projets et le bureau est même très désireux d’y travailler plus avec ses élus.

C’est dire que nous ne cédons pas sur les structures de dialogues existantes entre les mouvements dont le Réseau Citoyen et les élus de la majorité municipale.

 Mon propos ce soir est partiel, j’ai juste voulu dire que cet objet appelé citoyenneté est presque insaisissable mais qu’il faut pourtant ne jamais le quitter des yeux, qu’il doit nous organiser, nous donner du sens mais qu’avec lui c’est toujours plus compliqué.

Michel Vernerey

Président du Réseau Citoyen

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